jeudi 17 avril 2014

Et les femmes dans tout ça ?

Ce semestre, comme au précédent, je suivais un cours sur la communication et les médias. Ce semestre, comme au précédent, on a du faire des exposés. La différence, c'est qu'à part un grand thème, on avait le champs libre. Du coup, on a tous choisi ce dont on parlait. Et la façon dont on en parlait.

Quelque chose m'a marquée. Dans tous les exposés, ou presque : la place de la femme. C'est là qu'on s'aperçoit que les clichés ont la vie dure. Même chez les jeunes. Même involontairement. Même si on pense être ouvert d'esprit.


J'ai retrouvé ça quand on a parlé d'internet. Et plus particulièrement des risques d'internet. Ce qui m'a dérangée ? Une image. Je vous dresse le tableau : d'un côté de l'image, une femme devant un ordinateur portable tout mignon, sur un balcon avec une vue panoramique sur un centre ville. Classe, cheveux longs mais attachés, mince, une robe pas trop courte mais pas trop longue non plus, des talons, un peu de rouge à lèvre et des cœurs plein les yeux. De l'autre côté, un mec dans une chambre, sans fenêtre, devant un ordinateur fixe. Une crête sur la tête et, aux murs, des posters sur lesquels se devinent des formes de femmes nues. Je vous laisse deviner qui est le méchant de l'histoire.

C'était tellement caricatural. Je suis peut-être dans une situation particulière, c'est vrai. J'ai moins de tabous que d'autres. Mais merde quoi. À part diffuser encore plus des stéréotypes, ça sert à quoi ce genre de campagne ? Un mec avec une crête, voire des tatouages et, comble de l'horreur, des piercings, c'est ça le mal incarné ? Quelqu'un qui apprécie les photos érotiques ou pornographiques est forcément un prédateur ? Une femme ça implique forcément le combo cheveux longs + robe + talon + recherche du prince charmant ? Si c'est le cas, autant vous dire que je suis dans la merde.


J'ai retrouvé ça quand on a parlé du cinéma. Quand elles ont listé les différents styles de films. Et à qui ils s'adressaient. Au delà du fait que c'était très superficiel et assez erroné sur le fond (3 ans d'études de cinéma, ça laisse des traces), je crois qu'elles ont foncé tête baissée dans tous les clichés. Les films d'actions ? C'est pour les hommes. Les thriller aussi. Et les films d'auteurs. Les femmes ? Quelques comédies. Mais pas trop dur à comprendre surtout hein, on ne sait jamais. Et les histoires d'amour. Ah, les histoires d'amour ...

Alors oui, ok, ce genre de films s'adresse plutôt aux femmes. Ils sont tournés, produits, marketés pour ça. Mais de là à dire que les femmes s'y retrouvent parce que c'est ce qu'elles cherchent. Toutes. Même inconsciemment. Ça m'a gênée. Toutes les femmes ne cherchent pas le prince charmant. Toutes les femmes ne s'imaginent pas avec un pavillon de banlieue, des gosses et un labrador dès qu'elles croisent le regard de quelqu'un. Je vais prendre mon exemple, mais c'est le seul que j'ai sous la main, là, maintenant. Je suis incapable de me projeter plus de quelques semaines en avant. Je prends les choses comme elles viennent. Si ça se passe bien, tant mieux. Si ça se passe mal, tant pis. Et j'ai la prétention de penser que je ne suis pas la seule. À l'inverse, des mecs à la recherche du grand amour, j'en connais. Qui y croient. S'attachent. Se voient déjà des années plus tard, la bague au doigt. Est-ce que ça fait d'eux de faux hommes ? Est-ce que ce sont des femmes refoulées ? C'est un peu ce que ce genre de raisonnement laisse penser. À tort.

J'ai retrouvé ça quand on a parlé de la publicité. Mais c'était la première fois. La première fois depuis le début du semestre que quelqu'un intègre dans son exposé les différences entres hommes et femmes. Comment ils sont ciblés, traités. C'est la première fois que le mot stéréotype apparait. La première fois que quelqu'un développe une opinion critique. Prend du recul. Et ne répète pas bêtement les clichés qu'on lui sert sur un plateau d'argent au quotidien. C'était maladroit. Trop court pour aller au fond des choses. Pas toujours très bien documenté. Mais ça avait l'avantage d'être là. D'exister.


J'en ai un peu parlé autour de moi. Vite fait. Très vite fait. Je sais que si je donne mon avis comme ça, entier, ça ne passera pas. Si j'exprime mes envies. Mes désirs. Ma vision des choses. Ce qui me dérange. J'ai survolé ça du coup. Mais j'en ai parlé. Personne n'avait relevé. Personne trouvait ça anormal. Personne n'avait vraiment de point de vue à ce sujet. Je me dis que définitivement, on n'en parle pas assez de tout ça.


J'en profite pour vous glisser quelques liens en rapport du coup :

Stéréopub, un blog qui s'attaque justement à cette notion de stéréotypes dans la pub. Pour mieux la comprendre. En saisir les enjeux. Les conséquences. Je vous encourage à faire le petit jeu qui va avec. Ça permet de se rendre compte que même si c'est un vrai problème, ce n'est pas si simple, et que ça divise les avis.

Un article à lire du côté de chez MadmoiZelle. Parce qu'on n'est pas les seules à supporter ces stéréotypes au quotidien. Les "sois un homme" et autres injonctions du genre sont loin d'être innocentes. Y a moyen que le documentaire en question soit intéressant. Je vous dirai ça.

Les poses de Miranda Kerr pour GQ reprise par un homme, vous en avez sûrement entendu parlé. Je ne sais pas si vous avez pris le temps de lire les commentaires par contre. Ça change d'un site à l'autre, c'est sûr. Mais il y a un tel déferlement de haine autour. Dans tous les sens. C'est assez hallucinant de voir les réactions que ça peut provoquer. Ça prête à réfléchir.


Bisous.

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